Un jardin sous la garde du Mont St Michel
Nous sortons du paradis des Trottin par un
chemin creux bordé de marguerites. Quelques kilomètres plus loin, la caravane
des Piqués s’arrête au Clos St Gilles
à Ardevon. Joëlle et Gilles de Champs ont créé là ce qui est plus qu’un jardin :
Un projet de vie. 11 000 m2, une léproserie de 1601 sur le chemin du Mont, voici les conditions originales d’une reconversion réussie associant
jardin de charme et chambres d’hôtes, patrimoine et bon goût.
Mais il faut se remettre aux choses
sérieuses. Sous la houlette d’un couple enthousiaste, les 27 Piqués entament la visite du jardin.
La
première extase devant le rouge Hermés des Knautia
et le rosier « Jeanne », création des Trottin n’est qu’un début des
découvertes. Joëlle et Gilles nous apprennent un peu de l’histoire qui est
toujours à l’origine d’un jardin privé. Ils ont fait en 2007 le pari de revenir
de leurs vacances avec un plan précis de leur jardin. Ce qui fut fait pour
planter les premiers arbres. Le vent méchant a eu beau en abattre pour montrer
qu’il était le seigneur de ces lieux, les jardiniers ne se sont pas découragés.
C’est donc un jardin de sept ans qui, ailleurs, serait un jeune jardin. Mais le
Clos St Gilles affiche un air de maturité qui doit beaucoup à la très rigoureuse
structuration de l’espace. Les haies de charmes d’où émergent les houppiers
taillés en boule, le jeu subtil des tailles géométriques des ifs, les entrelacs
de buis, les allées de bouleaux et de cornouillers ou corètes alternés lui donnent
un petit air de jardin classique qui, cependant, ne se prendrait pas au
sérieux. Car ce jardin discipliné par
ses allées au tracé rigoureux ménage bien des surprises.
La visite des parterres lance la discussion
entre les partisans et les adversaires des couvre-sol. Un dicton est même
lancé : « un jour dans la main, dans ton lit pour la
vie ! » Malgré cela, Gilles,
très généreux, ne cesse de remplir les mains de boutures et de plants. Et
jusqu’au bout, le mystère du géranium Orion ou Roxane restera insondable.
On visite successivement la roseraie, le
jardin des graminées dont le blé bleu surprend tout le monde. Il reste encore des espaces en réserve et,
pour dominer les cultures alentour, Joëlle et Gilles ont construit un belvédère
qui permet de voir le Mont St Michel dans sa splendeur. C’est le seul rappel du
prestige de l’endroit où grandit ce jardin secret qui se musse dans un petit
creux insoupçonnable.
Le doré et fluide sorbier buissonnant ou le
sambucus nigra pourpre arrêtent tout le monde pour un long moment avec les
explications passionnées de Joëlle, lyrique et poète quand elle évoque le vert émeraude
de son Clerodendrum trichotonum, bijou du jardin.
Enfin,
pourquoi ce potager en rond ? « Parce qu’un potager peut être beau »,
nous répond Gilles.
La visite se termine dans la cour de la
léproserie, à l’ombre fraîche devant un « petit bonheur » auquel tous
les Piqués rendent hommage en
appréciant le délicieux jus de pomme offert par nos hôtes. Rafraichissement
bienvenu car un chaud soleil était de la partie tout au long de cette journée
et les Piqués ont pu se séparer heureux
mais avec peine, et du lieu et d’eux-mêmes. Mais leurs piquantes
Geneviève et Patrick Le Louarn Photo : le groupe
Jeannine, Martine et Joëlle sur fond de "Petit Bonheur"
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